Nouveaux projets Erasmus+ bientôt mis en œuvre par les universités du Grand Est  16/11/2021

E+
Crédit @Grand Est-Europe

Les résultats des premiers appels à projet 2021 du programme Erasmus + ont été diffusés le 15 octobre dernier : le Grand Est montre une très bonne dynamique avec une quinzaine de projets retenus et l’implication des cinq universités dans ces nouveaux projets sélectionnés !

 

Programme européen pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport, ouvert à tous publics et à tous les domaines de l’éducation et de la formation académique et professionnelle, Erasmus+ finance, avec un budget de 26,2 milliards € pour 2021-2027, des projets répondant aux nouvelles priorités de ce programme : favoriser l’inclusion et la diversité (en facilitant l’accès à des publics défavorisés ou moins habitués à ce type de programme), contribuer à la lutte contre le changement climatique (en soutenant les filières qui vont contribuer à réorienter le modèle économique de l’Union européenne vers une UE plus verte), accompagner la transition numérique (en développant des compétences numériques de qualité à grande échelle), et défendre les valeurs communes européennes.

 

En octobre 2021, la Région Grand Est, Grand Est-Europe et ses universités membres ont lancé le cycle Erasmus+ en Grand Est, avec le soutien de l’Agence Erasmus+ France Education/Formation pour approfondir les financements liés à l’action-clé 2 : ce volet du programme, qui représente 30% du budget global, soutient le développement des partenariats entre les acteurs de l’éducation et de la formation en Europe et dans le monde, afin d’améliorer les pratiques, de développer des outils ou de nouvelles méthodes de formation, et de consolider des réseaux transnationaux.

 

Alors que 2021 est une année de transition avec la mise en route du nouveau cadre pluriannuel 2021-2027, six appels à projets (AAP) avaient pu être ouverts dès le printemps 2021 pour le volet « partenariats ». Le budget 2021 dédié s’élevait à 66 millions € pour les projets portés par des établissements d’enseignement supérieur français. Suite aux premiers résultats diffusés en octobre, 4,5 millions € seront attribués à des projets portés par des établissements du Grand Est. Voici quelques exemples des projets qui seront déployés par les universités du Grand Est, dès 2022, pour une durée moyenne de trois ans.

 

Tout d’abord, le projet ARTeMIS sera mis en œuvre par l’Université de Lorraine (UL), au sein d’un consortium réunissant des établissements grecs et allemands. Ce partenariat de coopération dans l’enseignement supérieur devrait bénéficier d’un financement avoisinant les 400 000 € pour mettre en place des ateliers sur des techniques d’analyse spécifiques (notamment l’utilisation d’outils spectroscopiques de terrain) pour les enseignants et les étudiants, mais aussi pour constituer des écoles de terrain incluant des ateliers et des travaux de cartographie en groupe multi-nationalités (en mobilité) et enfin pour faciliter le travail en collaboration avec des ergothérapeutes.

Comme le précise l’UL, « deux objectifs principaux sont à l’origine du projet ARTeMIS : l’objectif à court terme est de former des géologues d’exploration à fort potentiel d’employabilité grâce à de fortes compétences en géologie de terrain, logistique, utilisation des nouvelles technologies, sensibilité culturelle et linguistique. L’objectif à long terme concerne le développement de la géologie moderne. En effet, la géologie est une science très sensible avec de forts impacts économiques et environnementaux. Par conséquent, les étudiants doivent connaître et pratiquer la géologie de base, l’approche naturelle originale, comme la minéralogie, la pétrographie, la paléontologie, … mais ils ont de plus en plus besoin de connaître les technologies modernes telles que SIG, spectroscopie, programmation, gestion des données, etc. Cela conduit inévitablement à une grande variété d’emplois, mais conduira également à une large variété de formations. Ces nouvelles opportunités d’emploi s’ouvrent également à des personnes délaissées par la géologie classique et ces nouveaux développements rendent la géologie accessible pour personnes en situation de handicap, comme dans la logistique, dans la préparation et l’analyse d’échantillons. Notre projet vise à étudier cette diversité négligée et les arrangements possibles pour développer la géologie d’avenir ».

 

De son côté, l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) mettra en œuvre, en partenariat avec l’Institut Régional du Travail Social de Champagne-Ardenne (IRTS), le projet de partenariat de coopération « COM-IN » (« Promoting communicative development in children and adolescents with intellectual developmental disabilities to support their inclusion »). Ce projet réunit huit partenaires issus de cinq pays européens : outre les partenaires français du Grand Est, « COM-IN » va faire travailler ensemble des partenaires belges, espagnols, grecs et finlandais.

L’URCA précise que « COM-IN » poursuit un objectif principal : « ce projet, conçu par Christelle Declercq, maîtresse de conférence au sein du laboratoire C2S de l’URCA, vise à élaborer un diagnostic de l’accompagnement des compétences en communication des jeunes de 10 à 25 ans porteurs d’un trouble du développement intellectuel en Europe pour ensuite construire des formations pour les professionnels travaillant avec ces jeunes, tout cela afin de favoriser l’inclusion des personnes porteuses d’un tel trouble du développement intellectuel. »

Comme le mentionne l’URCA, l’IRTS (coordinateur du projet) et les autres partenaires du consortium sont partis du constat que, « au sein de l’UE, la mise en œuvre de stratégies appropriées pour soutenir la communication est insuffisante. Les aides destinées aux adolescents et aux jeunes adultes sont encore rares et il n’y a pas d’harmonisation, au niveau européen, dans les programmes de soutien ou dans la formation des professionnels travaillant avec ces publics empêchés. En effet, il existe de fortes disparités entre les Etats membres sur ce sujet ce qui a conduit à des pratiques professionnelles différentes pour soutenir le développement et l’inclusion de ces jeunes. Pour apprendre, travailler, développer des relations et s’engager dans différents contextes sociaux, il est essentiel de soutenir la communication, et il est à noter que les professionnels du domaine ont exprimé un besoin crucial de formation dans ce domaine de la communication. »

Pour tenter d’apporter une réponse à ces difficultés, et avec un financement de plus de 360 000 €, le projet « COM-IN » prévoit d’atteindre quatre livrables principaux : une enquête de sensibilisation sur les besoins en formation des professionnels qui travaillent avec les jeunes porteurs d’une déficience intellectuelle, un guide sur le développement des compétences socio-communicatives à destination des professionnels, un module de formation dédié aux professionnels sur le développement des compétences socio-communicatives et un MOOC (Massive Open Online Course) développé à partir du guide et du module de formation.

 

Quant à l’Université de Strasbourg (Unistra), elle coordonnera dès février 2022, un partenariat de coopération dans l’enseignement et la formation professionnels, intitulé SIBILA (« Innovative Training Programme towards the Integration of Competitive Intelligence and Technology Watch Practices and Methods in SMEs from Manufacturing Sectors »), regroupant cinq partenaires européens issus d’Espagne, de Pologne, de Bulgarie et de République tchèque. Unistra précise le contexte de la mise en place de ce projet : « La veille technologique et de concurrentiel (TW&CI) est devenue une pratique commerciale cruciale pour être compétitif dans un environnement de plus en plus numérique, global et dynamique. Elle permet aux organisations de connaître les derniers développements des concurrents, de surveiller systématiquement ce qui se passe dans leur environnement, d’anticiper les changements et de prendre des décisions, en minimisant les risques et en saisissant les opportunités d’innovation. En ce sens, les PME des secteurs qui suivent traditionnellement les tendances de la mode, tels que l’ameublement et le textile, fragilisé depuis quelques années par la mondialisation, commencent à prendre conscience de l’importance de surveiller l’environnement commercial pour connaître les tendances de pointe à venir et s’adapter aux changements du marché, et en outre, de l’importance pour le personnel clé d’avoir les bonnes compétences pour intégrer ces pratiques dans les activités quotidiennes. L’objectif principal du projet SIBILA est de soutenir les PME européennes du secteur de l’ameublement, du textile et d’autres secteurs traditionnels de l’UE avec la conception et le développement d’un ensemble d’outils de formation qui va se centrer ce segment particulier d’une fonction d’entreprise, celle de la veille technologique et concurrentiel. »

Avec une enveloppe d’environ 260 000 € le projet sera mis en œuvre en plusieurs étapes : d’abord avec la réalisation d’une analyse approfondie sur la manière dont les PME du secteur de l’ameublement et du textile, ainsi que d’autres secteurs traditionnels (tels que la chaussure ou le métal), mettent en œuvre les stratégies en matière de TW&CI. Ensuite sera défini le programme d’études le plus approprié en fonction des besoins en matière de connaissances, d’aptitudes et de compétences identifiés dans la phase 1, ce qui permettra de développer une stratégie d’apprentissage et d’enseignement innovante pour l’enseignement des TW&CI. Puis sera développé le matériel de formation nécessaire au programme commun SIBILA. Enfin, le projet produira un outil de diagnostic TW&CI qui va permettre à toute PME Textile-ameublement de faire un point de situation concurrentielle global, mais aussi de prendre conscience de ses points forts et faibles, de l’aider à tracer des axes de repositionnement compte tenu du marché.

 

De son côté, l’Université de Technologie de Troyes (UTT) portera, dès janvier 2022, le projet « LT4SUSTAIN », en partenariat avec l’Université de Mons en Belgique, l’Université technologique de Dublin, mais aussi l’association Léonard de Vinci, Institut Polytechnique de Grenoble, l’Ecole Nationale Supérieure de l’Energie, l’Eau et l’Environnement et le Low-Tech Lab Grenoble. Ce projet de partenariat en enseignement supérieur, pour lequel une enveloppe de près de 400 000 € a été attribuée, va poursuivre un objectif global précisé par l’UTT : le projet vise à « sensibiliser un large panel d’étudiants européens aux low-tech à travers un hackathon ouvert, priorisant la diversité et l’inclusion, et de donner aux étudiants désireux d’aller plus loin, la capacité d’entreprendre des aventures entrepreneuriales sur des solutions conviviales, soutenables et utiles ». La low-tech (qui s’oppose à la « high-tech ») se base sur le principe de mise en œuvre des technologies simples, accessibles à tous et facilement réparables, faisant appel à des moyens courants et localement disponibles. La low-tech privilégie donc des solutions technologiques peu coûteuses, dans le respect de l’environnement. Ce concept, privilégiant le savoir-faire et le sens pratique de l’humain, est de plus en plus perçu comme une solution d’avenir sur le plan écologique et économique. Au travers de ce projet, l’UTT va donc chercher à valoriser cette démarche.

 

Enfin, l’école nationale supérieure d’ingénieurs Sud-Alsace (ENSISA), composante de l’Université de Haute Alsace (UHA), mettra en œuvre le projet « WE-TEAM », dans le cadre d’un appel à projet extraordinaire Erasmus Mundus 2020, dont la mise en application et la création du consortium est intervenue en 2021. Autour de l’UHA, cinq autres établissements partenaires (l’Université de Gand en Belgique, l’Institut de Technologie de Kyoto au Japon, l’Université de Boras en Suède, l’Université de l’Attique de l’Ouest en Grèce, et l’Université Polytechnique de Valence en Espagne) délivreront chacun un diplôme national de Master dans le domaine de la science des fibres, dans le cadre d’un programme de formation intégré créé spécifiquement pour cet appel à projet. Cinq autres partenaires qui ne délivrent pas de diplôme mais qui participent aux enseignements, sont également associés au consortium : l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles en France, l’Université Technologique de Lodz en Pologne, l’Université Shinsu au Japon, l’Université technique de Dresde en Allemagne et l’Université de Technologie de Kaunas en Lituanie. L’UHA estime que « dans le cadre de ce projet d’excellence, elle renforce sa position de partenaire incontournable au niveau européen et spécifiquement reconnu dans l’enseignement supérieur à travers la formation d’ingénieurs en textile et fibres, notamment grâce aux mobilités des enseignants qui délivreront des cours dans les universités partenaires ». De même, l’accueil des étudiants du programme au cours du semestre 2 de la formation en 2023-2024, participera au rayonnement de l’UHA. Concernant le programme de formation, l’UHA précise qu’il a « pour objectif de former des spécialistes du matériau fibreux qui possèdent de bonnes connaissances de la fibre, du fil, de la fabrication des étoffes, et de la confection, pour des applications telles que les textiles techniques ou les textiles intelligents. Les diplômés sont particulièrement aptes à évoluer professionnellement dans un environnement international. Dans ce but, le cursus intégré oblige les étudiants français à côtoyer au quotidien des étudiants d’autres nationalités, et à interagir avec eux dans le cadre d’activités d’enseignement et de projet. Par ailleurs le changement de pays à chaque semestre, ainsi que le profil international des enseignants, contribuent à acquérir les compétences interculturelles nécessaires à l’ingénieur textile dans un univers industriel qui est de plus en plus globalisé. » L’UHA conclut que la « spécificité du programme WeTeam apporte donc une richesse en termes de savoir être au diplômé, qui n’aurait pas pu être acquise au sein de l’UHA uniquement. » 

 

En conclusion, la mise en œuvre de ces projets devrait montrer une fois de plus que participer au programme Erasmus+ représente une excellente opportunité de renforcer des connaissances, des compétences et même son employabilité pour tous ceux qui peuvent bénéficier d’une mobilité à l’étranger. Avec ces projets, une nouvelle dynamique va se mettre en place au sein des universités du Grand Est, dès 2022. 2022 qui sera aussi l’année des 35 ans du programme Erasmus+ !

 

Article co-rédigé avec les universités membres de Grand Est-Europe : Université de Haute Alsace, Université de Lorraine, Université de Reims Champagne-Ardenne, Université de Strasbourg et Université de Technologie de Troyes.